Remarque: notre expérience date d’octobre 2016. Le menu a donc changé depuis mais sauf erreur, certains amuse-bouches et mignardises sont toujours d’actualité, comme le cadre, le style ou les 3 étoiles Michelin.
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Ce 3 étoiles Michelin au coeur Alba a malheureusement été une expérience décevante qui pourrait se résumer dans notre cas par « choc au Coravin » et « trop de chou, tue le chou »*, si on force le trait.
Le Chef connu et reconnu Enrico Crippa, classé parmi les meilleurs au monde, est un grand adepte du monde végétal: sa cuisine est une vraie ode à la nature, en toute légèreté. Il cultive son propre potager non loin d’Alba, dans un lieu appelé « Il Orto ». Doté d’une technique redoutable, ses plats sont beaux, précis, colorés mais nous ont semblé un peu « froids », peu gourmands ou généreux. Le côté parfois minimal des créations n’induit cependant pas qu’on ressorte avec le ventre vide, car l’enchainement des plats du menu est conséquent. Il y a du féculent, mais peu de gras ou de sauces. C’est un style qui nous touche moyennement mais qui dans tous les cas vaut de nombreux prix au Chef.
Pour en revenir à la technologie Coravin, on en avait entendu parler mais on ne l’avait jamais « vécue ». Il s’agit d’un système qui perce le bouchon de liège sans avoir besoin de le retirer complètement. Dans la région d’Alba, il permet visiblement aux restaurants gastronomiques de faire leurs choux gras (sans mauvais jeu de mots) en servant de grands crus au verre en plusieurs fois sans aérer le vin.
La Comparse du jour étant en charge du choix du vin, elle a regardé rapidement la carte en s’arrêtant sur la page « vins au verre » mais sans vraiment regarder les prix. Erreur.
Lors de la prise de la commande, elle a indiqué dans un italien parfait que n’ayant pas envie de beaucoup boire, 2 verres de rouge local iraient bien (sous-entendu: le choix du vin importait peu). A aucun moment le serveur ne lui a fait remarquer qu’elle ne regardait pas la page des vins au verre « normaux ».
En fin de repas, on a donc failli s’étouffer avec l’addition.
55€ le verre de Barolo.
55€ le verre, alors qu’il y avait des bouteilles à moins, qu’on aurait clairement prises quitte à jeter les 5dl non-bus.
Le serveur nous a fait comprendre que c’était une incompréhension malheureuse (on n’avait qu’à mieux lire le menu) en glissant tout de même que pareille surprise était « déjà arrivée » à d’autres clients, mais qu’il avait pensé que nous savions ce que nous faisions. Mmh. Si ce choc est déjà arrivé à d’autres, c’est qu’il y a probablement un problème.
Ceci étant, pour un menu de midi d’octobre 2016, on y avait goûté:
- des amuse-bouches multi-texturés et colorés (de tête: une version du spaghetti au pesto ou carbonara, un amaretto revisité et des olives qui éclatent en bouche et rappellent celles de El Bulli). On était donc plein d’espoir que les plats suivants soient dans la même veine gourmande car c’était une excellente entrée en matière
- un duo d’entrées légères et sphériques (dont une autour du chou de Bruxelles, de tête)
- un poisson cuit en boule, recouvert de feuilles d’or et dont la sauce verte semblait éclabousser le plat, très beau. On a fait remarquer au serveur qu’il restait un bout de film plastique dans un des plats: il l’a dit en cuisine mais n’est pas spécialement revenu avec plus d’excuses que ça. Dommage, car c’est plutôt inacceptable pour un 3*.
- une salade légère et fleurie, plus jolie que goûtue, dans la veine de la fameuse Insalata 21…31…41…51
- un plat végétarien dont on a oublié la composition exacte, avec des noisettes du Piémont (on les attendait!)
- le vitello tonnato revisité sans sauce, joliment nommé de tête « vitello tonnato non tonnato »: la viande a directement le goût invisible du thon. Elle était parfaitement cuite et le défi technique semble certain, cependant ce plat n’était pas vraiment « chaleureux ». Peut-être que ceux qui ne raffolent pas des sauces onctueuses apprécieront plus.
- un bouillon parfaitement clair avec de mémoire des billes de pâte qui éclataient en bouche
- de délicats gnocchi maison recouverts de verdure
- un plat (de viande rouge sauf erreur) emballé avec du chou rouge
- un dessert autour de la courge, correct mais plus un dessert de cuisinier que de pâtissier malgré la présence d’un biscuit (tout de même). Un « seul » dessert après un tel menu, c’est dommage.
- un joli plateau de délicates mignardises, accompagné d’une sympathique mini-bouteille de « Latte + »
En partant, une tarte traditionnelle aux noisettes du Piémont (sans gluten) est offerte. Elle était juste excellente.
Niveau prix, on ne se souvient plus du prix du menu le midi (env. 12 plats). Le soir, les menus dégustation sont entre 240€ et 270€ (menu 2018).
Niveau déco, les goûts et les couleurs ne se discutant pas, on ne tient pas spécialement à commenter les murs roses et leur fresque verte symbolisant la vigne.
Est-ce qu’on y retournera? Probablement pas.
Appréciation subjective: 12/20
*alors certes, octobre est un mois de chou, ma p’tite dame…
PS: les belles photos de l’extérieur et de la salle proviennent du kit presse du site du restaurant.
Piazza Duomo
4, Piazza Risorgimento, angle Vicolo dell’Arco
12051 Alba
Italie
+39 0173 366167
www.piazzaduomoalba.it
Miam: samedi 29 octobre 2016 – 12h30 – 2 personnes – prix oubliés
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